Une communication responsable clé de la durabilité
29 Novembre 2024
06 Minutes
L’intelligence artificielle (IA) progresse à une vitesse fulgurante, révolutionnant métiers et secteurs. Simultanément, les pressions réglementaires, les tensions géopolitiques qui redessinent les chaînes logistiques, et un réchauffement climatique qui se fait ressentir quotidiennement viennent bouleverser le paysage économique mondial. Dans ce contexte, la convergence des enjeux environnementaux et des opportunités numériques devient un moteur essentiel de transformation des entreprises, les poussant vers des modèles plus durables et innovants. Ces mutations affectent chaque maillon de l’organisation et nécessitent un accompagnement rigoureux pour en maximiser les bénéfices. Les investisseurs financiers ne sont pas épargnés par cette vague de transformation. Aujourd’hui, la durabilité est passée d’un simple atout stratégique à une condition sine qua non pour rester compétitif. En effet, selon le rapport 2023 du Global Private Equity Responsible Investment Survey de PwC, deux tiers des sociétés de gestion considèrent désormais les critères ESG comme une priorité incontournable pour créer de la valeur. De plus, plus de la moitié de ces acteurs ont renoncé à des transactions pour des raisons liées au non-respect des critères ESG
Durabilité et reporting extra-financier :
Une révolution en marche Si l’IA offre une palette d’outils novateurs, la durabilité, et plus spécifiquement les directives européennes comme la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), marque une révolution dans la gestion des informations extra-financières. Cette directive impose aux équipes financières, aux ressources humaines et aux achats d’élaborer des rapports détaillés, qui deviennent aussi essentiels que les états financiers traditionnels. Les investisseurs s’accordent aujourd’hui pour considérer ces données comme l’un des piliers immatériels les plus importants de la valorisation d’une entreprise. Ce sujet a fait l’objet de débats enrichissants lors de la deuxième édition de l’African ESG Summit, organisée par Managers fin novembre. La qualité de la notation ESG, directement influencée par la rigueur du reporting extra financier, impactera l’attractivité des entreprises auprès des investisseurs ainsi que le coût de leur financement. En Tunisie, certaines entreprises pionnières montrent la voie en instaurant une dynamique de publication extra-financière. Cette tendance arrive à point nommé, car l’urgence se fait sentir. Les exportateurs tunisiens, notamment dans les secteurs du fer, de l’acier, du ciment et des engrais, seront bientôt soumis au Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (ou “taxe carbone aux frontières”). Ce mécanisme obligera les entreprises à payer un prix pour le CO2 émis lors de la fabrication de leurs produits, rendant les données ESG essentielles pour conserver leur accès au marché européen
Une nouvelle ère de transparence et de compétitivité
Dès le 1er janvier 2025, les entreprises européennes assujetties à la CSRD devront publier leurs données non financières pour l’exercice 2024. Ce cadre réglementaire influencera directement le choix des fournisseurs et des partenaires, la durabilité devenant un critère clé. Nous assistons à un véritable moment de bascule vers une nouvelle ère où la durabilité règne en maître. Pour les entreprises tunisiennes, la transition est claire : elles doivent adopter une communication rigoureuse et responsable pour valoriser leur engagement en matière d’ESG. Les directions de communication auront un rôle crucial à jouer pour accompagner cette transformation. La transparence devient un levier de compétitivité et de confiance. Une communication responsable va au-delà de simples mises à jour ou rapports périodiques. Elle repose sur des interactions authentiques, la diffusion d’informations claires et la démonstration d’un engagement réel envers la gestion environnementale et sociale. Cette communication doit refléter la culture et la vision stratégique de l’entreprise, évitant les clichés ou les approches uniformisées, et mettant en avant les spécificités qui la différencient. Pour réussir dans ce nouveau paradigme, les entreprises, aux vues de leur culture d’entreprise et de leur vision stratégique doivent intégrer le fameux triptyque environnement, social et économie au cœur de leur stratégie de communication. Une communication responsable bien pensée ne se limite pas à répondre aux attentes réglementaires, mais vise également à engager toutes les parties prenantes dans un dialogue constructif. Il reste essentiel de dynamiser, sensibiliser, convaincre et fédérer autour d’engagements communs des parties prenantes aux intérêts et cultures variés. Dans un monde où la durabilité est une valeur souveraine, l’authenticité et la transparence ne sont plus des options, mais des impératifs pour garantir la compétitivité et renforcer la résilience des entreprises. Les organisations qui sauront utiliser ces principes pour se différencier sur le marché sortiront gagnantes dans cette nouvelle ère de transformation
Sahar Mechri
Executive Director
Magazine Managers